Le Coq et le Renard
Retour à un peu de calligraphie.
Je me suis pris un moment pour calligraphier une nouvelle fable de La Fontaine (j'en ai déjà calligraphié deux précedemment) : le Coq et le Renard cette fois ci.
(Surtout, n'y voyez pas d'allusion à l'équipe de France de Football dont l'emblème est le coq, et le sélectionneur une certain Renard (Hervé de son prénom) 😉😉).
Outre le texte j'ai également réalisé une lettrine avec la première lettre de la fable, S, et un semblant d'enluminure. Le texte est rédigé en graphie"onciale"(voir des explications sur l'onciale un peu plus bas).
Notez que je n'ai utilisé que des médiums contemporains et du papier à la place du parchemin.
Un petit pas à pas sur la progression de la réalisation ( vidéo de 30sec)
La lettrine S
la lettrine et le texte
Encre Montblanc , aquarelle et gouache sur paier Vinci
Quelques mots sur l'Onciale:
La graphie Onciale était utilisée entre le IIIème et le VIIème siècle et se caractérisait par le fait qu'il n'y ait pas majuscules et que l'écriture est souvent composée sans espace entre les mots.
Ça n'est qu'à partir du VIIème siècle que des moines irlandais ont commencé à séparer les mots pour faciliter la lecture. En effet depuis cette époque, la mise en place d’espaces entre les mots a permis de développer la lecture silencieuse. Auparavant, les premiers textes écrits étaient quasiment illisibles, les mots étaient enchaînés sans espaces. Les lecteurs de l’époque devaient jouer les détectives pour dénicher les pauses et les silences entre les mots. Même des érudits comme Cicéron ou saint Augustin étaient contraints de répéter leurs textes à haute voix. Ce mode d’écriture majoritaire pendant l’Antiquité s’appelait en latin “scriptio continua” (écriture continue). Heureusement donc, grâce à ces moines copistes irlandais des VIIe et VIIIe siècles, qui ont introduit les espaces entre les mots, la lecture est devenue plus accessible. L’arrivée de l’espace a également donné naissance à une nouvelle pratique : la lecture silencieuse. Avant cela, la plupart du temps, on lisait à haute voix, faute d’espaces entre les mots. Bien sûr, au Xe siècle, l’arrivée de l’espace entre les mots n’a pas immédiatement provoqué une démocratisation massive de la lecture, mais ce processus de très longue durée a permis de développer un accès à une lecture intime pour le grand nombre, surtout à partir du XVIIIe siècle.
Et pour finir .... le texte:
Sur la branche d’un arbre était en sentinelle
Un vieux Coq adroit et matois.
Frère, dit un Renard adoucissant sa voix,
Nous ne sommes plus en querelle :
Paix générale à cette fois.
Je viens te l’annoncer ; descends que je t’embrasse.
Ne me retarde point de grâce :
Je dois faire aujourd’hui vingt postes sans manquer.
Les tiens et toi pouvez vaquer
Sans nulle crainte à vos affaires ;
Nous vous y servirons en frères.
Faites-en les feux dès ce soir.
Et cependant viens recevoir
Le baiser d’amour fraternelle.
Ami, reprit le Coq, je ne pouvais jamais
Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle,
Que celle
De cette paix.
Et ce m’est une double joie
De la tenir de toi. Je vois deux Lévriers,
Qui, je m’assure, sont courriers,
Que pour ce sujet on envoie.
Ils vont vite, et seront dans un moment à nous.
Je descends ; nous pourrons nous entrebaiser tous.
Adieu, dit le Renard, ma traite est longue à faire.
Nous nous réjouirons du succès de l’affaire
Une autre fois. Le galant aussitôt
Tire ses grègues, gagne au haut,
Mal-content de son stratagème ;
Et notre vieux Coq en soi-même
Se mit à rire de sa peur :
Car c’est double plaisir de tromper le trompeur.
Merci de votre passage ..
Bon dimanche à toutes et à tous